mercredi 28 novembre 2012

Décision de partir

"Si vous pensez que l'aventure est risquée, essayez la routine, elle est mortelle!"
(Paulo Coelho)


En cette époque tourmentée (crise économique, mesures de restriction et autres), il nous arrive à tous de rêver: à une île paradisiaque sur laquelle nous pourrions vivre à la "Koh Lanta" dans une petite hutte en bois au bord de la mer, n'ayant besoin ni d'eau ni d'électricité mais se réunissant autour d'un feu de bois au coucher du soleil pour se réchauffer; à un petit village au creux d'une montagne où le temps s'est arrêté et où l'on vit encore comme aux siècles passés, chaque famille cultivant sa terre et pratiquant le troc afin d'obtenir les produits nécessaires; à une vie meilleure tout simplement qui ne serait plus basée uniquement sur la rentabilité et le développement économique au détriment des valeurs familiales et du couple en général. Beaucoup en rêvent mais très peu prennent la décision de partir.


Nous sommes une famille comme les autres: papa et maman travaillent (félicitations à papa qui va bientôt fêter sa dixième année dans son entreprise), Hugo est en troisième maternelle et sa petite sœur n'a pas encore un an. Les jours se suivent et se ressemblent: on se lève tôt, on prend à peine le temps de déjeuner, on file à l'école, chez la gardienne et au travail et fin de journée on fait le circuit inverse pour rentrer à la maison, donner à manger aux enfants, les laver et les mettre au lit. Pour recommencer de plus belle le lendemain. Quand nous avons exposé cela autour de nous, notre famille nous a dit: "Et bien oui, c'est la même chose pour tout le monde, c'est la vie tout simplement". Je ne sais pas pour vous mais de mon côté, cette vie n'est pas ce à quoi je m'attendais. Et quand cela va-t-il changer? Mettez de l'argent de côté pour votre pension, travaillez jusqu'à 65 ans (voire plus) et ensuite vous en profiterez. Voilà ce qu'on vous dit. Nous avons à peine 30 ans et nous recevons déjà de nombreuses publicités "Pensez à votre pension!". Oui sauf qu'avec le train de vie qu'on nous fait mener, la pollution, les cancers (j'en passe et des meilleures), un grand nombre d'entre nous n'arrivera pas à la pension. Ma belle-mère est décédée d'un cancer bien avant d'avoir pu profiter de sa pension. Et ceux qui y arriveront auront-ils encore l'énergie et surtout la santé pour en profiter? Car certes l'espérance de vie augmente mais qu'en est-il de l'espérance de vie en bonne santé? Ce n'est pas la même chose.


Tous les matins j'ai envie de pleurer. Je brusque mon petit Hugo qui vient seulement d'avoir 5 ans, je suis tout le temps derrière lui: "Dépêches-toi, mais dépêches-toi donc maman va être en retard au travail". Ce sont presque les seules paroles que nous avons le temps d'échanger. Et on délègue l'éducation de notre fils aux instituteurs. Tout comme on délègue l'éducation de notre fille à une gardienne (oui parce qu'il faut travailler à deux pour arriver à payer la maison, les deux voitures qui nous permettent d'aller travailler, les courses dont la note n'arrête pas d'augmenter alors qu'on nous dit que l'inflation n'est pas si importante, l'essence,…). Si je prends mon cas: j'adore mon travail, je le fais avec enthousiasme et je m'implique. Et pourtant je suis sans cesse embêtée par des problèmes administratifs, des remises en question, des incertitudes quant à l'avenir. Et ne pensez pas que vous pouvez travailler à mi-temps et ainsi vous consacrer un peu plus à vos enfants. Vous serez sans cesse rappelés à l'ordre par les services de chômage comme si travailler à mi-temps était pire que de chômer à temps plein. Voici les valeurs que véhicule notre société. Avec mon salaire de mi-temps et tous les frais inhérents à mon travail (garde d'enfants, aide-ménagère, plats préparés car pas le temps de cuisiner), ne devrait-on pas me féliciter de travailler quand même (car est-ce réellement avantageux)?

Cela fait des années que je me forme toujours tout en travaillant, mettant mon travail au-dessus de tout. Et c'est avec horreur que je me rends compte maintenant que ce travail a pris le pas sur ma vie de famille et sur ma vie de couple. Quand je rentre à la maison, je suis fatiguée, toute mon énergie a été consacrée à ma journée de travail et je n'ai plus envie de rien faire. Ni même de jouer avec les enfants ou alors si peu. Mon seul but est de faire vite à manger, un plateau TV et une série abrutissante qui ne m'oblige pas à réfléchir. Il ne faut surtout pas que je me mettre à réfléchir à ma vie et à ce que j'en retire réellement… L'adage "perdre sa vie à la gagner" me vient à l'esprit, qu'en pensez-vous? Si vous faites un calcul rapide, passez-vous plus de temps avec votre famille ou avec vos collègues?

Il faut travailler, il faut acheter sa maison et il faut acheter acheter acheter. Merci à notre société de consommation que se reflète même déjà sur nos enfants. La décision de partir fut prise le jour de l'anniversaire de notre fils. Il fêtait ses 5 ans. Toute la famille était réunie, il y avait également des amis. Hugo a vraiment "été gâté" comme on dit chez nous. De retour à la maison, alors que tous les cadeaux n'étaient même pas encore ouverts, il nous a demandé "Si je suis gentil, on pourra aller au magasin de jouets?". Incroyable non…

La décision a donc été prise non pas au départ pour les différents pays que nous pourrions visiter (même si après cela a bien entendu pris une grande importance) mais pour notre famille. Le fait de se retrouver juste nous 4, de passer tout notre temps ensemble et de se retrouver. D'apprendre à se connaître presque car on ne sait pas tout ce qui se passe à l'école et comment deviennent nos enfants, à quoi ressemble réellement leur vie durant toute une journée d'école. Nous n'avons pas le temps de nous consacrer à eux et bien maintenant nous allons le prendre ce temps. Prendre le temps de jouer avec ma petite fille, de la serrer dans mes bras, de me promener avec elle, prendre le temps de lire un livre à mon petit garçon, de l'accompagner faire du vélo, de lui apprendre à lire; à écrire et à compter. Et prendre le temps de parler avec mon mari, de partager des choses ensemble et non plus chacun sur son ordinateur et on ne se parle pas ou peu.

Une fois la décision prise, toutes vos actions vont dans ce sens et cela semble si facile! Vendre la maison, vendre les voitures, arrêter son travail au moment propice, prendre les dispositions nécessaires en ce qui concerne l'éducation du grand (qui doit normalement rentrer en primaire et qui est donc soumis à l'obligation scolaire),… Je pense que toutes ces actions (que je reprendrai dans le chapitre " préparatifs") vont stopper un grand nombre d'entre vous dans leur élan. La partie quitter son travail fut la plus difficile en ce qui me concerne car comme mentionné précédemment, j'aimais beaucoup mon emploi. Mais à partir du moment où je me suis rendue compte de la place que prenait ce travail pour le peu de reconnaissance que j'en tirais au fond et tout cela au détriment de ma famille, j'ai dit STOP. Fini le cercle vicieux, le métro-boulot-dodo, fini de payer des personnes (même si très compétentes et gentilles, je ne leur jette pas du tout la pierre) pour s'occuper des enfants, pour nettoyer la maison, repasser le linge parce qu'on n'a pas le temps. Fini de passer les week-ends à faire le linge, cuisiner pour la semaine sans jamais profiter. Fini de perdre sa vie à la gagner. On ne vit qu'une fois et il est temps d'en profiter réellement, de vivre et non plus de survivre!

Les démarches pour arriver à cela peuvent paraître effrayantes mais ce n'est rien à côté de l'effroi que je ressens quand je vois ma vie telle qu'elle est pour l'instant. Mon pire cauchemar: me réveiller dans dix ans, me rendre compte que mes plus belles années sont derrière moi et que je n'ai rien fait de particulier. Me dire que les plus belles années de mes enfants sont passées et que je n'ai pas profité d'eux. Me retrouver avec des ados blasés et totalement emprisonnés dans cette société de consommation.

On n'est pas des moutons. Pensez-y. Jusqu'à présent, c'est ainsi que j'ai vécu ma vie. J'ai fait des études, encore et encore, je me suis mariée, j'ai eu des enfants et surtout j'ai travaillé travaillé travaillé. Je me suis sentie "pressée comme un citron", toujours stressée. Qui parmi vous souffre d'ulcères… Pourquoi? Pour avoir du mal à boucler les fins de mois en ne faisant pourtant pas d'excès, en achetant juste le nécessaire. Est-ce normal?

Nous partons donc vivre plus simplement, en tant que touristes pour commencer mais attention touristes respectueux. Nous voulons découvrir d'autres manières de vivre et de penser, un pays où le travail n'est pas une fin mais bien un moyen. N'est-ce pas ce qu'il doit être en définitive et ce qu'on nous a fait oublier? Nous partons resserrer nos liens familiaux, vivre juste pour nous. Et détrompez-vous, nous ne sommes pas riches, nous n'avons pas un compte en banque sans limite. Nous n'allons tout simplement pas choisir les hébergements les plus chers qui se sont développés au détriment de la population locale sans aucun respect mais nous allons chercher la simplicité. Une petite hutte aussi grande que le lit qu'elle héberge, de l'électricité uniquement de 18 à 22 h grâce à un générateur, des douches communes et froides. Nous ne voulons plus être définis par ce qu'on possède, ce qui semble être le cas de plus en plus dans notre société. Nous voulons inculquer de réelles valeurs à nos enfants, de la simplicité, du respect et de la compassion. Nous partons avec juste un sac-à-dos par adulte contenant le strict minimum (oui car il va falloir les porter jour après jour). Le contenu de ces sacs sera développé également dans le chapitre relatif aux préparatifs.

Nous avons choisi l'Asie pour ses paysages magnifiques, sa population réputée accueillante et aussi, ne nous voilons pas la face, parce que c'est un continent très abordable financièrement pour nous européens. Un an en Asie et puis nous verrons bien. Pas de plan, juste vivre au présent (non nous ne penserons pas à notre pension). Il est bien entendu que nous avons fixé un itinéraire de base, susceptible de changer à tout moment car si on se plaint bien à un endroit, on y reste! Mais une base est nécessaire et nous nous sommes beaucoup documentés sur les différents pays car avec des enfants, il faut préparer un minimum le voyage.

Nous nous donnons un an pour tout "liquider". Les billets d'avions sont déjà achetés, il n'y aura pas de marche arrière. Nous sommes bien conscients que ce voyage ne va pas être facile tous les jours. Pour rappel, nous partons avec deux enfants qui auront alors 6 et presque 2 ans. Je ne m'inquiète pas du tout pour le grand. Il est certain qu'avec la petite, ce sera autre chose et que nous serons certainement plus limités que tous les routards qui partent seul ou en couple mais c'est un challenge que nous serons ravis de relever.

J'ai fait de nombreuses recherches notamment sur Internet et il semble que de plus en plus de gens fassent ce grand saut à l'étranger mais rares sont ceux qui partent en famille. D'où la justification de cet article et de ceux qui vont suivre. Nous espérons pouvoir donner des pistes à d'autres qui hésiteraient à partir à cause de leurs enfants et surtout de leur dire faites-le, on ne regrette que ce qu'on n'a pas fait!

Et pensez à vos enfants avant qu'il ne soit trop tard! Pensez aussi à votre couple. Cela ne m'étonne en effet pas du tout que le nombre de divorces ne cesse d'augmenter dans nos sociétés occidentales. Comment survivre à cette pression continue, à cette course sans fin après le temps.

STOP!

2 commentaires:

  1. Wouaw j'en ai les larmes aux yeux de ton témoignage

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour maman,merci pour ce blog que vous nous faites partager,notre départ a nous c'est dans une cinquantaine de jours pour 10 mois,10 mois à ne partager que du bon temps avce nos enfants,à leur faire l'école,à vivre nous 4...........bonne continuation

    RépondreSupprimer

Bonjour à tous!

Dans un souci d'anonymat, nous utilisons dans ce blog le prénom "Hugo" et les termes "la petite soeur", "papa" et "maman" :-)
Nous vous remercions d'avance de faire de même.
Au plaisir de vous lire :-)